Révélation
Quand le soleil s’est effondré
sur mon lit,
j’étais encore ivre de rêves.
Je savais—comme tous
les jours—qu’il me faudrait
m’arrêter.
Sous l’emprise de l’astre
alcoolique,
j’ai oublié mes luttes avec
les mots sombres,
ces ombres qui prenaient
visage,
qui criaient des noms,
puis, d’un souffle,
s’évanouirent.
Les peurs bleues devenaient
illusion,
comme le bug de l’an
deux mille—
le ciel ne s’effondra pas.
Et pourtant, je l’avais imaginé :
un soleil en chute libre,
comme une étoile filante,
percute la terre
pour tout changer.
Je me suis levé.
Marché dans le jour,
rencontré des visages,
arpenté mes pas couleur
châtaigne,
j’ai écrit—parlé de prêtres
et de moineaux—
ignorant mille récits
d’oppression,
de haine, de silences
trahis.
Mais les rayons ont
leur effet.
Le soir venu,
la lune s’est élevée
comme une fleur blanche.
Et dans le noir, tout
devint clair.
Je me suis retrouvé—
somnambule—
dans mon propre lit,
mort de mots.
Mes yeux insomniaques
attendaient l’aube fraîche,
des gouttes d’espoir
sur les herbes endormies.
Un Archimède sans cri
trouve son eurêka :
Se lever,
non pas ébloui du dehors,
mais d’un feu intérieur,
purement sien.
Mais les mêmes récits
reviennent—trahisons,
départs sans au revoir,
un autre voyage inassouvi.
Et l’on s’endort de l’autre
côté du sommeil,
repassant le monde.
« Maintenant », dis-je.
Mais l’instant n’écoute pas.
L’insomnie endormie marche
sur moi,
comme une marée d’ombres
lentes,
des nuits nombreuses,
où je suis à la fois veilleur
et naufragé—
bleu d’océan,
bleu d’absence.
Avec la lune surgit
le désir de fuir,
de voir tomber une étoile
et croire qu’il s’agit du soleil,
pour que le monde,
dans ses péchés répétés,
refuse enfin de se réveiller—
et brûle.
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