Strange
I cannot refuse my being
it clings, relentless
yet when I reach for “I,”
it slips, elusive.
the most concrete
the most abstract
A name stitched loosely,
a jacket ill at ease
my body writes its riddles
in scars and wrinkles.
Race, culture, origin
cupboards full, yet soul
unseen.
The sun crosses the sides,
in front of the eyes
every minute of the day
bit by bit
yet I know for sure
it doesn’t move an inch.
The horizon’s line
a seam sewn by illusion,
the desert offers mirages
castles of air that dissolve,
photographs pause time,
but time sneaks past their
frame, we plant flags on wind,
claiming smoke as homeland.
the most abstract
the most concrete
Ancestry whispers in blood,
branches broken, voices fading,
mirrors stack in drawers, each
reflection another mask.
Fights erupt for shadows, names,
borders, empty crowns
strange!
We duel for ghosts stitched in
fragile terrain.
Perhaps the “I” is a thread
of spider silk a cup held warmly
at dawn or a gaze that lingers,
unspoken, yet understood.
I stop seeking as if “I” were a coin
instead I listen: seas remembering
ships, earth holding footsteps,
strange — to exist as a witness,
an actor, strange, magnificent,
a song in between illusion on one hand
and on the other it appears real.
Étrange
Je ne puis
refuser mon être
il s’accroche, implacable.
Pourtant, quand je tends
la main vers le « je »,
il s’échappe, insaisissable.
le plus concret
le plus abstrait
Un nom cousu à
la hâte,
une veste mal ajustée ;
mon corps écrit ses énigmes
en cicatrices et en rides.
Race, culture,
origine
des armoires pleines,
mais l’âme invisible
le soleil traverse mes yeux,
minute après minute,
jour après jour, et pourtant
je sais avec certitude
qu’il ne bouge pas d’un pouce.
La ligne de l’horizon,
couture brodée d’illusions
le désert offre des mirages
châteaux d’air qui se dissolvent,
les photographies figent le temps,
mais le temps glisse hors du cadre.
le plus abstrait
le plus concret
Nous plantons
des drapeaux
dans le vent,
réclamant la fumée pour patrie,
l’ascendance murmure dans le sang,
branches brisées, voix qui s’effacent.
Des miroirs s’empilent dans
des tiroirs, chaque reflet,
un autre masque. Des luttes
éclatent pour des ombres,
des noms, des frontières,
des couronnes vides.
Étrange ! Nous
croisons le fer
pour des fantômes cousus dans
une terre fragile. Peut-être que
le « je » est un fil de soie d’araignée,
une tasse tiède tenue à l’aube,
ou un regard qui demeure
muet, mais compris.
Je cesse de
chercher,
comme si le « je » était
une pièce perdue. Je
préfère écouter : les mers se
souvenant des navires,
la terre gardant la trace des pas.
Étrange,
magnifique
un chant suspendu entre illusion
et ce qui paraît réel,
frémissement d’un mystère éternel.
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